Créer un jardin, ce n’est pas seulement planter des massifs de fleurs. Avant de planter, prenez en compte quelques informations qui vont vous permettre de faire les bons choix de plantes et d’aménagement. L’hiver est la période parfaite pour commencer à créer son jardin : on a tout le temps d’appréhender son espace, réfléchir à ce qu’on veut planter au jardin et prendre de l’avance sur les différents travaux. De cette manière, vous pourrez profiter de votre jardin dès les premiers rayons de soleil du printemps, et laisser le plus gros du chantier derrière vous !
Etape 1 : Connaître son environnement
Les premières informations déterminantes pour votre projet sont l’exposition de votre jardin (au soleil mais pas que, pensez aux vents dominants) et la nature de votre sol. Sans ces informations, impossible de faire les bons choix de plantes !
Comment créer un jardin ? Connaître son exposition 🌞
Pour connaître l’exposition de votre jardin, rien de plus simple : une boussole ! Vous allez me dire « Mais où est ce que je vais trouver une boussole ? » Sachez que la plupart des smartphones ont une application « boussole », sinon téléchargez en une 😉
Une fois dans votre jardin boussole en main, si le Sud est face à vous, votre jardin est orienté plein Sud. Idem pour les autres orientations. Connaître l’orientation va vous permettre d’appréhender le taux d’ensoleillement de votre jardin : exposé à l’Est, votre jardin bénéficiera du soleil matinal ; à l’Ouest, il sera plutôt ensoleillé dans l’après-midi et au Sud vous aurez la chance (ou pas si il fait 45°C…) de bénéficier du soleil presque toute la journée. Pour ceux exposés au Nord, vous aurez peu ou pas de soleil, ce qui ne veux pas dire que vous pouvez pas avoir de plantes ! Il est possible de créer des jardins d’ombre magnifiques, alors ne désespérez pas 💪
Appréhender la nature de son sol 🪱
Une fois que vous connaissez votre exposition, il va falloir se pencher sur la nature de votre sol. Rien de très compliqué, je ne vous dis pas de faire des analyses de sol (tout dépend de votre projet cela dit : si vous souhaiter créer un potager en pleine terre sur un terrain potentiellement pollué, ça peut être intéressant de faire des analyses !) mais plutôt de connaître sa texture. Plutôt argileux ? Sableux ? Pauvre ou riche en humus ?
Une bonne manière de connaître sa texture, c’est la technique du boudin :
Pour savoir si votre sol est plutôt riche ou pauvre, observez les êtres vivants qui s’y trouvent. Vous voyez de nombreux êtres vivants et notamment des vers de terre ? Votre sol est plutôt riche puisque s’il sont là c’est qu’ils ont de quoi se nourrir. Pas ou peu d’êtres vivants ? Votre sol est probablement pauvre en matière organique, vous pouvez y remédier en apportant compost, fumier, paillis…
Etape 2 : Analyser ses besoins
Avant toute chose, quels sont vos besoins et vos envies pour votre jardin ? Pourquoi faites vous cet aménagement ? Est ce que c’est pour vous nourrir ? Si oui, visez vous l’autonomie sur certaines cultures ? Ou peut-être que vous souhaitez créer un jardin naturel, accueillant pour la biodiversité ? Est ce que vous voulez des fleurs à toutes les saisons ? Un peu de tout ça à la fois ?
Ces questions peuvent paraitre anodines voire évidentes, pourtant je vois beaucoup de clients qui n’ont pas clarifier leurs envies et besoins (deux choses très différentes) avant de se lancer dans leur projet d’aménagement. Et c’est ok ! C’est justement pour cela que je propose des accompagnements pour ceux qui souhaitent être autonomes dans leurs plantations, mais ont besoin d’être guidés dans leur conception de jardin.
Comment créer un jardin ? Etape 3 : la wishlist 📝
Vous connaissez maintenant votre exposition et la nature de votre sol, et avez identifié vos besoins. Ce n’est pour autant pas le moment de planter les yeux fermés ! Acheter des plantes au hasard puis les planter n’importe où, c’est le meilleur moyen de se lasser de son jardin ou de vouloir tout changer d’ici quelques mois parce que vous n’avez pas planté cet arbre au bon endroit, ou que finalement vous n’aimez pas trop cet arbuste, et puis votre serre se retrouve à l’ombre parce que vous n’avez pas anticipé sa place.
Pour éviter tous ces problèmes, j’ai ajouté une étape au design de jardin : la wishlist.
Qu’est ce que c’est ? C’est simplement la liste des plantes, objets et fonctions que vous voulez pour votre espace extérieur. Vous pouvez la faire sur papier ou sur une note de téléphone ou d’ordinateur pour pouvoir la modifier librement. Si votre projet de jardin est commun avec votre famille ou des colocataires, je vous conseille de faire un document partagé pour que tout le monde soit inclus dans le projet 🤝
Votre wishlist peut contenir des éléments généraux (un potager, une mare, un coin pour les aromatiques, une mini-forêt…) ou plus précis (une variété de plante particulière, un banc pour boire le café du matin). C’est important de mettre tout ça sur papier (ou ordi) pour visualiser tous les éléments à intégrer dans votre jardin, et pour pouvoir les regrouper et organiser entre eux. C’est aussi une bonne manière d’organiser ses achats (ou trocs) et de savoir ce qu’il vous manque.
Etape 4 : le zonage
Maintenant que vous avez votre wishlist, vous pouvez entamer le travail de design (au sens organisation de l’espace). Personnellement j’aime beaucoup m’inspirer de la technique de zonage utilisée en design permaculturel :
Vous devez bien sûre adapter ces zones en fonction de l’espace dont vous disposez et vos besoins. Par exemple dans mon cas, je n’ai ni forêt, ni animaux, ni cultures de céréales. Mes zones vont plutôt correspondre à ceci :
- Zone 0 : maison
- Zone 1 : aromatiques
- Zone 2 : potager
- Zone 3 : massifs de fleurs ornementaux
- Zone 4 : petits fruits
- Zone 5 : haie sauvage
Vous n’êtes pas non plus obligé.e.s de respecter les distances de ce cercle pour vos zones. L’idée est d’organiser l’espace en mettant les zones qui vous demandent le plus de visites proches de la maison (ou la porte si vous êtes en appartement avec terrasse). Ce peut ne pas être du comestible : si votre rêve est d’observer les oiseaux et la biodiversité depuis votre fenêtre, peut-être que c’est la « zone sauvage » type prairie fleurie, mare ou haie sauvage, qu’il faut installer proche de la maison. Rappelez-vous simplement que la zone dite « sauvage » est une zone destinée à la biodiversité, exempte d’activité humaine !
Une fois que vous avez défini les zones principales de votre jardin, vous pouvez commencer à « ranger » les éléments de votre wishlist dans les différentes zones. Pas de panique si certains éléments ne correspondent pas à une zone particulière, on n’est pas dans The Home Edit 😉
Etape 5 : le design
On ne va pas ici juger vos talents de dessinateur ! Le but est de faire un plan simple de votre jardin, en y intégrant les différentes zones.
Lorsque vous faites votre design, ayez toujours en tête l’exposition de votre jardin. Certains endroits sont sûrement plus ensoleillés que d’autres, il faut prendre cela en compte avant de placer vos éléments. Une serre, un massif de lavandes ou une culture de tomates auront besoin d’être au soleil. En revanche un bac à compost, une haie sauvage ou des laitues profiteront d’un peu d’ombre, surtout lors des fortes chaleurs !
Je vous conseille de faire plusieurs essais, pour avoir deux ou trois choix d’aménagement différents avant de vous lancer dans vos travaux. Evidement ces designs ne sont pas figés dans le temps, et il est certain qu’ils vont évoluer en fonction de votre avancée dans les travaux ou de vos envies, mais on peut être surpris par notre créativité lorsqu’on s’oblige à chercher des solutions différentes.
Envie d’apprendre à dessiner et organiser son jardin ? Participez à l’un de mes ateliers sur ce thème !
Comment créer un jardin ? Etape 6 : préparer son sol
Une fois que les formes de vos massifs, potagers, vergers, etc sont définies sur papier, vous allez enfin pouvoir entamer les travaux en plein air et préparer votre sol à la plantation. Pas de gros outils ou de retournement de sol en perspective, surtout si vous prévoyez de planter sur votre pelouse. Voici ma technique favorite 100% flemmard.e : la couverture du sol.
On ne parle pas ici de paillage, mais d’une couche de matière organique suffisamment épaisse et opaque pour :
- Etouffer et décomposer la végétation en place (pelouse ou adventices)
- Attirer les être vivants du sol qui vont travailler ce dernier à votre place
Sol meuble et aéré garanti !
J’utilise pour cela des cartons, sans encre ni colle, que je place au sol en leur donnant la forme que je veux pour mon massif de plantes. Si je prévois de planter des plantes sauvages ou aromatiques qui apprécient un sol pauvre, je peux recouvrir avec du vieux terreau, même déjà utilisé. Si c’est pour des futures cultures de légumes, fruits, ou autres plantes ornementales gourmandes, alors je recouvre les cartons de compost, fumier, ou terreau neuf riche. Recouvrir les cartons va accélérer le processus de décomposition, et vous permettre de planter plus rapidement (veiller à ce que ce soit humide pour engendrer la décomposition).
Ce travail de préparation du sol, très facile à réaliser, peut se faire à n’importe quel moment de l’année. J’aime le faire en automne/hiver pour profiter de la pluie qui humidifie les cartons, et laisser le temps aux être vivants de préparer mon sol en digérant la matière organique (cartons compris). Cela me donne un sol meuble, très agréable à travailler au printemps.
Peut-on préparer le « sol » des plantes en pot ?
Si votre projet est hors-sol (en bacs ou en pots), rien ne vous empêche de préparer le terrain dès maintenant en installant vos bacs, et en les remplissant de matière organique façon « lasagnes ». Cette technique vous permettra de créer un substrat riche et vivant pour vos futures cultures (surtout si vous prévoyez de faire un potager ou verger en pot).
Etape 7 : planifier et planter
Pourquoi planifier et planter font partie de la même étape ? Parce que des plantations, ça se planifie ! Contrairement à ce qu’on peut penser, toutes les plantes ne se plantent pas au printemps !
Voici les périodes idéales de plantations en fonction des végétaux :
- Arbres et arbustes : automne/hiver, hors périodes de gel (à la Sainte Catherine, tout bois prend racine)
- Plantes vivaces : automne et printemps
- Plantes annuelles : automne et printemps, voire été pour certaines cultures
- Plantes vivaces et annuelles gélives : après le 15 mai pour éviter les risques de gel
- Bulbes à floraison printanière : automne
- Bulbe à floraison estivale : printemps
- Petits fruits rouges (y compris les fraisiers) : automne et hiver hors période de gel
Vous pouvez bien entendu les planter à d’autres saisons en prenant en compte la météo. Je ne vous apprends rien en vous disant que le changement climatique chamboule tout, et surtout le calendrier du jardinier !
Profiter, évaluer, adapter
Enfin, voici une dernière étape qui se fait sur le long terme : évaluer et remettre en question. Peut-être qu’avec le temps vous vous rendrez compte que certaines zones ne correspondent plus à ce que vous attendez de votre jardin. Un jardin évolue au fil du temps, du climat, des envies… C’est normal et c’est ce qui procure autant de plaisir : ce n’est jamais fini !
Le Conseil de Mauvaise Graine
Créer un jardin, c’est fastidieux, cela demande du temps et de l’énergie. Si vous pensez avoir besoin d’aide dans votre projet, n’attendez pas pour en demander. Mon métier est de vous accompagner et de vous aider à faire les meilleurs choix pour votre espace extérieur, afin que vous puissiez en profiter autant que possible. N’hésitez pas à me contacter pour des conseils ou un aménagement personnalisé ! Prenez soin de votre petit écrin de nature en ville, il est précieux 👩🌾
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