« Waouh, alors toi tu as la main verte ! » « Moi je fais mourir toutes mes plantes, même les cactus, je n’ai pas la main verte. » Ah cette main verte, qui sous-entend que certains seraient nés avec une pelle et un sécateur dans chaque main quand d’autres ne sont que de sombres assassins de végétaux… Pourtant avant de devenir une jardinière expérimentée, moi non plus je n’avais pas la main verte et je tuais mes cactus. Alors cette main verte, mythe ou réalité ?
D’où vient la main verte ?
Avant de se pencher sur les origines de cette expression fort répandue, il faut la décomposer pour comprendre sa signification. « Avoir la main » signifie avoir un savoir-faire, et la couleur « verte » fait référence aux plantes. « Avoir la main verte » se traduit donc pas « avoir un savoir-faire avec les plantes ».
Cette expression date du XXe siècle, et sous-entend que les personnes qui ont la main verte ont reçu ce don exceptionnel de maîtriser la nature grâce à une action divine…
Alerte spoiler : il n’en ait rien.
Comment avoir la main verte ?
On a vu que la main verte était un savoir-faire, or comment on acquiert un savoir-faire ? En apprenant bien sûr ! Quand j’ai commencé à jardiner, je n’y connaissais rien, et j’ai subi de cuisants échecs (j’en subis encore je vous rassure, et je vous en parlerai dans un futur article). Je me suis alors lancée dans un apprentissage presque scolaire en botanique, permaculture, jardinage écologique, association de couleurs au jardin… Moi qui n’avais jamais trop aimé étudier, je dévorais livres de jardinage par dizaines !
Alors comment avoir la main verte ? Vous me voyez venir ? Savoir jardiner, cultiver des légumes et prendre soin de ses plantes n’est pas inné. Comme dans tous les domaines, il y a des règles à respecter pour réussir.
Les 10 règles d’or pour commencer à jardiner
1. Connaître son environnement
Quelle est l’exposition de votre jardin ou de votre terrasse ? Dans quel sens souffle le vent ? Êtes-vous exposé.e.s aux vents dominants ? Quelle est la nature de votre sol si vous cultivez en pleine terre ? Ce sont les premières questions que vous devez vous poser avant d’acheter une plante ou de réfléchir à votre plan de culture. Observez aussi votre espace sur plusieurs saisons pour voir comment il évolue. Par exemple, mon jardin est généralement sec et chaud en été car exposé Sud-Ouest, mais en hiver il ne reçoit pas le soleil et devient froid et humide. Je dois prendre en compte cette donnée pour choisir des plantes qui résisteront à ces deux climats opposés.
2. Choisir des plantes adaptées
Une fois que vous aurez défini la nature de votre environnement extérieur, vous pourrez choisir des plantes adaptées à celui-ci. Choisissez des variétés suffisamment rustiques pour résister au climat de votre région. Vous pouvez vous fier à la carte des climats, généralement disponible sur les sites des pépinières ou sur Internet, mais je vous recommande de prendre en compte les particularités de votre jardin ou terrasse comme vu précédemment. Si vous cultivez hors sol, choisissez des variétés adaptées à cette culture. Certaines variétés de légumes ont été sélectionnées pour la culture en pot, il existe des arbres nains parfaits pour une terrasse… Les végétaux ne manquent pas de diversité !
3. Connaître la nature des plantes
Pour prendre soin des plantes que vous aurez choisi, il va falloir connaître leur nature, leurs origines. Est-ce une plante de sous-bois ou de rocaille ? Pousse-t-elle naturellement dans un sol acide, neutre ou calcaire ? Est-ce une annuelle ou une vivace ? La raison principale pour laquelle les gens « tuent » leur plante, est qu’ils ne connaissent pas sa nature. Prenons l’exemple du basilic : on a tous et toutes acheté un jour un basilic en pot au supermarché, peu importe la saison, et on a tous pensé qu’on était si nul.le.s avec les plantes qu’on avait tué notre basilic, puisqu’il finit toujours par mourir. C’est parfaitement normal, le basilic est une plante annuelle sous nos climats, qui a donc un cycle de vie très court, et qui a besoin de chaleur et de soleil pour s’épanouir. Les spots d’une cuisine ne remplissant pas ces conditions, il meurt prématurément (je ne m’étendrais pas sur la qualité douteuse des plants de basilic que l’on trouve en supermarché, mais je ne recommande pas leur achat…)
4. Arroser ses plantes correctement
Les plantes sont constituées à 90% d’eau, elles ont toutes besoin d’être arrosées mais pas de la même manière. Certaines vont aimer une terre humide en permanence, alors que d’autres préfèrent rester au sec entre chaque arrosage.
L’arrosage dépend aussi de la saison et de la météo. L’été on arrose presque tous les jours, surtout si les plantes sont en plein soleil, alors qu’en hiver on n’a généralement pas besoin d’arroser (sauf si vos plantes ne reçoivent pas la pluie).
Enfin l’eau du robinet n’est pas idéale pour vos plantes (et votre porte-monnaie), préférez l’eau de pluie ou bien faites de la récup : les eaux de cuisson des légumes et œufs NON SALEES et refroidies sont riches en vitamines et minéraux, récupérez aussi l’eau de rinçage des fruits ou l’eau de la douche le temps qu’elle chauffe par exemple.
Sauf pour quelques exceptions, on arrose de préférence aux pieds des plantes pour éviter le développement des champignons.
5. Bien nourrir ses plantes pour avoir la main verte
Pour vivre et bien se développer, les plantes ne font pas que boire, elles mangent aussi ! C’est l’humidité de la terre qui permet aux racines d’absorber les nutriments dont elles ont besoin pour grandir.
Dans la nature, les plantes peuvent compter sur tout un écosystème pour assurer leurs apports nutritionnels. En pot, ce n’est pas la même histoire ! Une fois que le terreau est lessivé et vidé de matière organique, c’est la famine assuré !
Il existe des solutions pour nourrir et améliorer la qualité de la terre :
– les engrais naturels : il en existe sous forme liquide et solide (des petits granulés). Mon préféré ? Le jus de compost ! Dilué à raison d’un petit verre pour 10L d’eau, il booste les plantes et apporte de nombreux nutriments. A utiliser une fois par mois de mars à septembre.
– L’apport de matière organique : ma méthode préférée et 100% récup qui consiste à incorporer à la terre vos « déchets » de cuisine (biologiques) et de jardin à savoir tontes, épluchures, coquilles d’œufs, marc de café et feuilles de thé (n’ayez pas la main trop lourde au risque d’acidifier la terre), feuilles mortes, peaux de bananes. Vous pouvez aussi les déposer sur la terre pour faire un compost de surface.
6. Les protéger de tous les dangers
Le gel, la sécheresse, les vents violents, les limaces, les maladies… On ne peut bien sûr pas tout contrôler, mais il est possible de préserver ses plantes des aléas climatiques et des ravageurs. Surveiller la météo pour protéger vos plantes en cas de gel avec des voiles d’hivernage ou en les rentrant à l’abri vous évitera quelques pertes. Installer un paillis et un système de réserve d’eau comme les oyas limitera les dégâts liés à la chaleur. Pour les ravageurs, il n’y a pas vraiment de solution miracle, mais un jardin en bonne santé qui attire la biodiversité deviendra chaque année plus résilient !
7. Accepter de partager
Un jardin ou un balcon naturel n’attirera pas seulement l’œil envieux de votre voisin, vous verrez s’y installer d’année en année un grand nombre d’êtres vivants, vertébrés ou non. Qui dit biodiversité, dit partager. Si vous appréciez le chant du merle au crépuscule, il va falloir accepter qu’il remue la terre à la recherche de vers, quitte à mettre le bazar dans vos cultures, si vous souhaitez attirer les papillons, il va falloir tolérer quelques chenilles… Chaque être vivant, même la limace ou la grosse araignée velue, a sa place et son rôle bien défini dans l’écosystème qu’est votre jardin. Les tolérer c’est préserver l’équilibre naturel, qui saura s’établir avec l’arrivée des prédateurs.
8. Commencer petit
Je suis passée par là, et je sais que quand on commence à jardiner, on a tendance à mettre la barre très haut ! Si je peux vous donner un conseil, commencez petit ! Ne visez pas l’autonomie alimentaire si c’est votre premier potager, essayez quelques cultures faciles pour commencer et ne pas vous décourager. Si vous souhaitez repenser entièrement votre jardin, découpez-le en différentes zones dont vous vous occuperez une par une.
9. Cultiver sa patience
Je ne sais pas si la patience est mère de toutes les vertus, mais au jardin, elle est indispensable et mère de succès ! L’être humain est impatient, et je suis la première à trépigner devant des semis qui poussent trop lentement à mon goût, à attendre cette tomate qui ne veut pas rougir, à attendre le printemps, puis l’été, la pluie… Maintenant j’essaie de savourer chaque instant au jardin, d’apprécier chaque saison. Le printemps et l’été passent bien trop vite pour qu’on ait envie de les voir passer à toute vitesse. Jardiner c’est aussi apprendre des plantes qui prennent leur temps pour s’épanouir, au bon moment.
10. Ne pas se décourager
Le jardinage est avant tout un plaisir, on n’est pas là pour se prendre la tête, alors amusez-vous, faites vos expériences ! Ce n’est pas grave si vous ne réussissez pas à faire pousser une courgette, ou si vos fleurs font la tête. Ce sera mieux l’an prochain !
Le conseil de Mauvaise Graine
Enfin rappelez-vous que jardiner, c’est composer avec le vivant, et la nature est indomptable. S’il y a une chose que je peux vous assurer, c’est que rien ne se passe jamais comme prévu au jardin ! Peut-être que vos semis ne vont pas bien pousser, que les limaces vont passer par là, que la plante grimpante que vous avez plantée ne poussera pas aussi vite que prévu… Acceptez ce qui se passe au lieu de vouloir à tout prix contrôler les êtres vivants avec qui vous partagez votre expérience du jardinage, et tout ira bien !
Vous avez encore besoin de conseil ou souhaitez approfondir vos connaissances en jardinage ? Je propose des cours personnalisés, en visio ou en direct, adaptés à vos besoins, contactez-moi pour plus d’informations !
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